Description
Fiers d’être de – modestes – collectionneurs
Avec un chiffre d’affaires de plus de 65 milliards de dollars l’année dernière, le marché de l’art se porte bien. Merci pour lui ! Mais cette insolente santé repose surtout sur des ventes à des prix hors de portée du commun des mortels. Plus de 50 œuvres ont été échangées à plus de 30 millions de dollars et 6 ont même franchi la barre des 100 millions, à l’image du Shot Sage Blue Marilyn d’Andy Warhol, cédé chez Christie’s en mai 2022 pour 195 millions de dollars, ce qui en fait le tableau du XXe siècle le plus cher vendu aux enchères. Amusant quand on sait que ce tableau, issu d’une série de cinq sérigraphies – chacune avec un fond différent – valait quelques 5.000 dollars à sa création, en 1967, soit l’équivalent d’un peu de 45.000 dollars de nos jours. Comme le rappelaient Nathalie Moureau et Dominique Sagot-Duvauroux, auteurs d’un ouvrage de référence, Le Marché de l’art contemporain (Éditions La Découverte), l’ensemble de la production contemporaine est bien loin des paillettes surmédiatisées des collectionneurs milliardaires et des spéculateurs stratèges – qui sont souvent les mêmes d’ailleurs…
Le monde réel, lui, réunit artistes, galeristes et acheteurs dans un même amour de l’art. Les premiers sont soutenus par leur désir – et leur besoin – de partager leurs oeuvres, en suivant leur propre chemin, sans avoir en tête que le souci de plaire – et de vendre – au plus grand nombre et au plus cher. Les seconds, à l’image d’un Paul Guillaume, indéfectible soutien de Modigliani, Bruno Bischofberger découvreur de Basquiat ou Léo Castelli, promoteur de Kandinsky, Pollock, Warhol ou Yves Klein, dénichent et accompagnent les talents d’aujourd’hui et de demain, jouant le rôle de « passeurs » vers les collectionneurs. Sans tous ces vrais amateurs – au sens de ceux qui aiment –, ceux qui, comme vous et nous, sont « davantage intéressé par la quête que par la possession », selon le mot d’Umberto Eco, les artistes ne pourraient plus créer ! Chez ARTS MAGAZINE, nous sommes à la fois fiers et heureux d’accompagner ainsi tous les collectionneurs, même les plus modestes.
Frédéric BENOIT
Directeur de la Rédaction
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