Description
Art urbain, âme de la rue
Le Street Art et le graffiti commencent – enfin ! – à être reconnus comme des mouvements majeurs des XXe et XXIe siècles. Les artistes qui s’en revendiquent ou en sont issus accèdent à une certaine reconnaissance du marché sinon des institutions. Et, parmi ceux-ci, un nombre croissant se définissent aujourd’hui comme des artistes contemporains au sens large. Pourtant, l’Art Urbain conserve, et doit conserver, une place à part.
D’abord parce qu’il tire ce qui fait sa particularité, son « âme » pourrait-on dire, de son rapport à l’espace public. Travailler dans l’inconfort et sous la pression (des délais, des coûts, de la taille, de la multiplicité des supports…), sous le regard des passants, en s’intégrant dans l’environnement des habitants… est un véritable défi technique, physique, artistique, humain, défi qui nourrit la pratique en atelier. Une fertilisation croisée dans les deux sens, à l’image du travail d’un James Bullough, aussi impressionnant sur la toile que sur un mur. Ensuite parce qu’il est, et de plus en plus, l’âme de la ville. Non seulement on n’imagine plus parcourir une métropole sans partir à la chasse aux fresques, mais surtout de nombreuses collectivités font aujourd’hui de l’art une composante essentielle de leur aménagement urbain et de leur attractivité touristique. Peu de
villes sont allées aussi loin en ce domaine que Philadelphie où le Mural Art Programm, imaginé il y a 30 ans pour lutter contre les tags sauvages, a transformé la « ville de l’amour fraternel » en un véritable musée à ciel ouvert. Une expression souvent galvaudée mais largement méritée avec plus de 3.000 fresques monumentales ornant ses murs.
C’est sans doute ce lien particulier entre les artistes et les citoyens (étymologiquement, celui qui « jouit du droit de cité ») qui rend l’Art Urbain littéralement exceptionnel. Un lien qu’il ne faut pas rompre, au risque de perdre son âme…
Frédéric BENOIT
Directeur de la Rédaction
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