Description
«L’art et la vie ne font qu’un»
Miss Tic, auteure de cette phrase, nous a quittés le 22 mai dernier. Au-delà de la tristesse de tous les amoureux de l’Art Urbain et du soutien à ses proches, impossible de ne pas évoquer le parcours de cette artiste hors norme. Depuis 1985, les brunes sexy de ses pochoirs interpellaient les Parisiens. Derrière le jeu des mots – plus que les jeux de mots –, Miss Tic posait des questions profondes sur notre société et notre humanité. Comme l’a dit la ministre de la Culture, « La rue était sa galerie, le marcheur son visiteur, nos murs sa toile ». Et c’est aussi ce qu’il faut retenir de cette pionnière du Street Art : cette volonté de rendre l’art accessible à tous.
Si, comme beaucoup, elle a commencé en marge de la légalité – ce qui lui a valu plusieurs arrestations en flagrant délit et même une amende salée en 1999 – Miss Tic a largement contribué à faire accepter l’Art Urbain en prenant le temps du dialogue avec les associations de riverains, les mairies d’arrondissements et les commerçants. La reconnaissance de son œuvre, en France comme à l’international, n’est toutefois pas allée jusqu’à nos institutions. Comme le rappelle Laurent Rigail de la galerie Brugier-Rigail, qui l’a exposée à plusieurs reprises, aucune de ses œuvres ne figure dans un musée français… contrairement au Victoria & Albert Museum de Londres. Espérons que, une fois passé le temps des hommages unanimes – forcément unanimes –, les hiérarques de la culture regardent enfin l’art le plus populaire de notre époque avec un peu moins de condescendance. En près de quarante ans, Miss Tic a largement écrit une partie de l’histoire de l’art de rue. Mais surtout, celle qui s’affichait comme une « Sorcière égarée dans un monde sans magie », en a justement posé, de la magie, sur nos murs et dans nos vies. Pour cela, MERCI
Frédéric BENOIT
Directeur de la Rédaction
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