Description
Dans la fleur de l’âge
« À vingt ans, c’est une promenade, à soixante ans c’est un pèlerinage ». Difficile de ne pas penser à cette boutade du sociologue – et prêtre dominicain – Serge Bonnet quand on voit le titre de la – superbe – rétrospective « CAPITALE(S) : 60 ans d’Art Urbain à Paris », à l’Hôtel de Ville. Soixante ans, une éternité pour un mouvement artistique.
L’impressionnisme n’a vécu que 14 ans, le Nouveau Réalisme 12, le Cubisme 8 seulement. Pourtant, le Street Art est toujours un monde en perpétuelle effervescence. De nouveaux artistes émergent chaque année, de nouveaux murs ornent les villes du monde entier, les collectionneurs sont de plus en plus nombreux – même si les institutionnels et les plus grands musées semblent encore un peu réticents – et la créativité reste intense. Comment expliquer une telle vivacité, une telle jeunesse malgré les années ? Sans doute parce que ce mouvement n’est ni figé ni même théorisé.
En dehors le point commun de l’intervention dans l’espace public, les artistes urbains explorent une multitude de techniques, de la peinture au collage en passant par le pochoir ou la mosaïque ; et de formats, des fresques monumentales voire gigantesques comme celles de Saype ou d’Ella & Pitr, aux incursions, comme les envahisseurs aliens d’Invader ou les visages de Gregos, dans les recoins les plus discrets. Demain – et même dès aujourd’hui –, leurs créations numériques s’imposeront sur nos écrans, joueront avec la réalité virtuelle et envahiront le Metavers… même si personne n’a pour l’instant une idée très claire de ce à quoi cela pourra bien ressembler. Sans doute parce que le Street Art n’est pas vraiment un mouvement artistique, c’est plutôt un état d’esprit, fait d’imagination, de goût de la liberté, d’envie d’explorer et de sens du partage. Des valeurs dont, peut-être plus que jamais, le monde a bien besoin.
Frédéric BENOIT
Directeur de la Rédaction
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