Description
Cultiver ses différences
« Soyez vous-même, les autres sont déjà pris ». Cette célèbre boutade – pleine de sens – d’Oscar Wilde pourrait s’appliquer à l’Art Urbain. Ce mouvement artistique ne doit pas perdre son originalité, son authenticité, certains pourraient dire son âme, dans la quête, légitime, d’une plus grande reconnaissance par les institutions. Naturellement, les artistes urbains sont des artistes à part entière, qui peuvent choisir de multiples manières de s’exprimer : lettrage, figuration, abstraction… Mais le faire d’abord dans la rue n’est pas anodin.
Cela impose d’abord une prise de conscience de cette immixtion dans l’environnement et le quotidien des gens. Que l’artiste décide de faire « beau », de véhiculer un message positif ou, au contraire, de choquer et d’interpeller, c’est son choix, mais aussi sa responsabilité. Il lui faut admettre que, une fois achevée, l’œuvre n’appartient plus uniquement à son auteur. Elle peut être dégradée, effacée, recouverte, détruite… mais également photographiée, partagée – merci aux réseaux sociaux –, gagnant ainsi une visibilité sans précédent dans l’histoire de l’art.
Cela suppose d’adhérer à une vision d’un art accessible à tous, et pas uniquement à une « élite » aux ressources – culturelles et financières – supérieures. Sans doute faut-il y voir l’origine de cette empathie propre aux artistes urbains – du moins les « vrais », pas ceux qui se collent par opportunisme une étiquette « Street Art » supposée pour correspondre aux attentes du marché –, cette disponibilité pour aller vers le public, cette capacité à sortir du confort de l’atelier pour relever des défis artistiques, techniques et logistiques, cette ouverture d’esprit qui les pousse à échanger et à collaborer avec d’autres, une démarche plus courante chez les musiciens que chez les plasticiens. Alors… ne changez surtout rien !
Frédéric BENOIT
Directeur de la Rédaction
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