Description
La rue est à nous !
Il y a 60 ans, Gérard Zlotykamien, en réaction à la censure d’une oeuvre d’Arroyo à la Biennale de Paris, décide de s’éloigner des instituions et de se rapprocher du plus grand nombre en investissant l’espace public. À la fin des années 1970 et dans les années 1980, les graffeurs new-yorkais s’offraient, avec le métro Big Apple, une visibilité à l’échelle d’une métropole. Une décennie plus tard, Invader s’attaquait, avec son projet Invasion, au monde entier ! Aujourd’hui, avec la multiplication des projets, la création artistique transforme, de manière éphémère ou pérenne les quartiers, les villes ou les lieux. Au-delà des chapelles – Street Art, Graffiti, Art Urbain… –, des styles, des techniques et des sensibilités, ce foisonnement a permis à toute une nouvelle génération de talents de s’exprimer et de toucher un public qui ne s’autorisait pas à s’intéresser à l’art, sans nécessairement l’apprécier.
Peu importe, l’important étant d’y être confronté et de ne pas avoir peur d’y réagir, sans avoir besoin d’une culture, de connaissances préalables mais avec, pourquoi pas, la volonté de les acquérir, par goût, par curiosité, comme on ouvre un livre, séduit par sa couverture et le résumé sur la dernière page ou comme on écoute tous les morceaux d’un artiste dont on a entendu un titre par hasard, en se laissant emporter par ses émotions et son ressenti. Loin de l’entre-soi des spécialistes et de l’élitisme des institutions – et oui, Gérard, les choses n’ont hélas pas tellement changé depuis les années 1960 –, les oeuvres viennent jusqu’à nous, ne nous demandant que l’effort d’ouvrir les yeux. Comme Coco Chanel l’affirmait à propos de la mode, il n’y a pas d’art s’il ne descend pas dans la rue. Il ne tient qu’à nous d’y descendre aussi. Ensemble…
Frédéric BENOIT
Directeur de la Rédaction
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