Description
Apprendre à voir pour apprendre à faire
«On ne se dit jamais « je serai peintre » devant un beau site, mais devant un beau tableau », affirmait Pierre-Auguste Renoir. C’est dire l’importance de ceux qui nous ont précédés, notamment les grands maîtres. Ce sont eux qui nous inspirent, qui nous motivent, qui nous élèvent… mais aussi qui nous permettent de progresser. Car regarder et analyser leurs œuvres est très formateur. Pour le portrait, dès la Renaissance, les peintres se sont posés des questions qui sont toujours aussi actuelles : la composition et l’équilibre du tableau, le rendu de la carnation, la ressemblance… La ressemblance, c’est aussi le grand sujet de l’un des plus grands portraitistes de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, John Singer Sargent, qui déclarait ironiquement : « À chaque fois que je peins un portrait, je perds un ami ». Ce qui n’était sûrement pas tout à fait vrai si l’on en juge par le succès de ses toiles de commande, lui qui a peint les plus grands noms de son époque.
Dans toute formation artistique, l’observation, l’analyse et la reproduction de tableaux ont toujours été des étapes importantes. Après tout, n’est-ce pas ainsi que nous avons tous appris à marcher, courir et écrire ? C’est la méthode d’apprentissage la plus naturelle. Il ne s’agit pas de chercher simplement à reproduire au plus proche l’original, ce qui n’a pas en soi grand intérêt. Mais plutôt de réellement se connecter au processus créateur de l’artiste, à sa technique et à ses choix artistiques. À commencer par sa propre manière de voir ce qui l’entoure. Comme Cézanne ou van Gogh, qui ne regardaient que les formes et les couleurs, les vides et les pleins, les ombres et les lumières. Une démarche qui n’est pas si éloignée de celle de Sargent, convaincu que, dans un portrait, les détails n’avaient pas d’importance et qu’ils se mettaient en place d’eux mêmes. À méditer… et à tester.
Gabrielle Gauthier
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