Description
POUR UNE EXCEPTION CULTURELLE ARTISTIQUE
L’annonce a fait l’effet d’un coup de massue. Une directive européenne impose à la France de faire passer, d’ici 2025, la TVA sur l’importation des oeuvres d’art et sur l’acquisition d’oeuvres d’artistes vivants de 5,5% à 20%. Aujourd’hui, ce taux n’est appliqué que sur la marge réalisée par les intermédiaires, galeristes, maisons de vente et marchands d’art (le « système de la marge »). Deux conséquences : soit le prix final demandé aux acquéreurs est renchéri d’autant, soit les professionnels rognent sur leurs marges, dans un contexte économique déjà difficile. Comme l’a déclaré Marion Papillon, présidente du Comité professionnel des galeries d’art, la directive européenne, si elle s’appliquait telle quelle dans le secteur de l’art, « contraindrait les galeries à afficher
des prix de vente à la hausse et à perdre toute compétitivité ».
Cette directive a été adopté à l’unanimité des 27, la France s’est donc tiré une belle dans le pied. En vingt ans, la part de l’Hexagone dans le marché mondial de l’art est passé de 3% à 7%. Ses concurrents sont les États-Unis (43%), la Chine (20%) et le Royaume-Uni (17%). Surtout, notre pays pèse à lui seul 50% du marché européen, loin devant l’Allemagne (14%). Après la période compliquée traversée par le secteur en raison de la pandémie, les signaux repassaient au vert, avec la foire Paris+ par Art Basel, l’ouverture de plusieurs espaces de grands galeristes internationaux (Gagosian, David Zwirner, Hauser & Wirth…) dans la capitale.
Passé le premier choc, les professionnels ont repris l’offensive, entamant un dialogue que l’on espère constructif avec la ministre de la Culture Rima Abdul-Malak, et le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, avec une proposition concrète : renoncer au système de la marge pour appliquer une exception sur les oeuvres d’art qui permettraient de vendre mais aussi d’acheter à un taux de 5,5%. Une solution qui aurait l’avantage de ne pas s’opposer au régime général voulu par l’Union européenne, tout en préservant la compétitivité du marché de l’art français. Comme le livre, une oeuvre d’art n’est pas un bien marchand comme un autre. Une exception qu’il ne faudrait pas oublier…
Frédéric BENOIT
Directeur de la Rédaction
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