Description
L’ART PEUT-IL ÊTRE (AUSSI) LUDIQUE ?
« L’art est un jeu. Tant pis pour celui qui s’en fait un devoir ! », affirmait Max Jacob. Quand on constate le sérieux, voire la
rigidité qui émane de certaines institutions – musées, foires, galeries… –, il est parfois permis d’en douter. Pourtant, d’autres approches sont possibles. L’étonnante Foire foraine d’art contemporain qui se tient actuellement au Centquatre Paris propose aux visiteurs de ne pas regarder ces œuvres-attractions, mais de jouer avec et même, pour certaines, de les manger. Au Palais des Beaux-Arts de Lille, l’exposition « Prière de toucher », née d’un projet pour rendre l’art accessible aux personnes non-voyantes, propose de renverser les codes de la visite traditionnelle du musée en invitant à revisiter une histoire de la sculpture occidentale par le toucher. Plus discrètement, le plasticien espagnol Manolo Valdés propose un jeu de piste entre le spectateur et lui, parsemant ses créations de références à des maîtres comme Velasquez, Picasso, Matisse ou Calder.
Ces démarches peuvent choquer les puristes, mais elles séduisent. L’Atelier des Lumières, qui propose, grâce au numérique, des plongées immersives dans l’univers de van Gogh, Cézanne ou Kandinski, attire chaque année plus de 1,3 million de visiteurs. « Mon objectif est rendre attractif le patrimoine à un large public. Le rôle d’un centre d’art est de décloisonner, de créer des passerelles entre les époques, de faire vibrer les pratiques artistiques entre elles, d’amplifier les émotions, de toucher le plus grand nombre », explique d’ailleurs Bruno Monnier, président de Culturespaces, qui a imaginé ce concept. Nicolas Trembley, célèbre critique d’art et commissaire d’exposition, résume ainsi ce qui n’est un paradoxe qu’en apparence : « Évidemment, le rire et l’humour font partie de l’approche de l’art. Mais l’art lui-même est aussi sérieux, c’est la chose la plus importante dans la vie. Sans création, il n’y a pas d’évolution ». Comme le dit la sagesse populaire, il faut faire les choses sérieusement sans se prendre (trop) au sérieux.
Frédéric BENOIT
Directeur de la Rédaction
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