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L’art peut-il nous rendre heureux ?
S’il n’est pas – encore – une priorité nationale comme au Bouthan, notre bonheur est au centre des préoccupations de beaucoup d’entre nous. Comment être plus heureux ? Si psychologues, sociologues et même spécialistes du cerveau se penchent sur la question, l’art peut apporter un élément de réponse. Paul Klee ne pensait-il pas qu’un « monde heureux suscite un art ancré dans l’ici et maintenant ». La réciproque est-elle vraie ? Le sujet a, en tout cas, inspiré nombre d’artistes. Henri-Edmond Cross, bien sûr, comme le montre la belle exposition que lui consacre le musée de l’Annonciade à Saint-Tropez, mais aussi Gauguin, qui a représenté des jeunes femmes tahitiennes dans un tableau justement intitulées Joyeusetés, Matisse et sa Danse inspirante, jusqu’aux Nanas de Niki de Saint Phalle. Même un peintre abstrait comme Robert Delaunay a imaginé une géométrie gaie dans Rythme et joie de vivre.
Il semble en tout cas que les collectionneurs, même très fortunés, soient aussi sensibles à l’énergie positive que dégage une œuvre. Les Flamants, une toile de 1907 du Douanier Rousseau, véritable invitation au voyage avec ses quatre oiseaux dans une jungle luxuriante, s’est vendue 43,5 millions de dollars chez Christie’s en mai dernier… dix fois plus que son précédent record vieux de 30 ans. Mais, pour significatifs qu’ils soient, les soubresauts du marché ne sont pas tout. Lundi 1er mai, un étudiant un art à Séoul s’est offert la célèbre banane de Maurizio Cattelan, exposée au Leeum Museum of Art. Si l’artiste performeur David Datuna avait déjà fait de même en 2019 sur Miami Art Basel pour dénoncer le prix jugé exorbitant (120.000 dollars tout de même) de l’œuvre, il semble que notre étudiant ait simplement cédé à un petit creux. Après tout, comme l’affirmait déjà Montaigne, « C’est le jouir, non le posséder, qui nous rend heureux ». Et c’est bien ce que la contemplation d’une œuvre peut nous offrir de mieux.
Frédéric BENOIT
Directeur de la Rédaction
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